Le ficus
J'avais passé quelques heures à dépoussiérer un ficus. Je l'avais aspergé d'eau tiède sur le balcon en écoutant Higelin. J'étais seul dans l'appartement. J'étais bien.
Familière
Je ne l'avais pas achetée comme ça
Pas sur un coup de tête
A présent elle ne me quitte plus
Et je l'ai constamment sous les yeux
Ma machine à écrire Erika
Protectrice, rassurante et familière
Mécanique
Silencieuse lorsque je ne m'en sers pas
Comme une guitare, un stylo plume, une cigarette
Elle apaise mes tourments
Innocente et palpable
Objet du passé
Si utile à mes côtés
Comme un livre, un chevalet
Une bougie bon marché
Une chaîne hi-fi rétro
Occupe l'espace de ma chambre
Y tient sa place
Et dont la frappe des touches intrigue les voisins
Habitués aux cliquetis des touches d'un pc
N'use pas d'électricité
Insensible aux chevaux de troie et autres virus
Indépendante et volontaire
Comme un vinyle, une montre mécanique
Hostile au progrès
Que l'on nous fait avaler
A grand renfort de pub et de télé
La mémoire des jours
J’ai perdu la mémoire des jours
Des jours heureux, des jours passés
Des jours avec toi
Des jours avec moi
Je vis au présent des moments que j’oublierai facilement
Je vis
Avril
Avril fragile avant l’Eté
Avril opaline
Avril timide et prometteur
Où tout renaît, les sentiments, l’amant, l’argent qui pleure
Au sourire de tes lèvres, j’irai puiser des soleils
A l’iris de tes yeux, des tableaux
Trompeur et moqueur
Encore tendre et rusé
Le vent de l’été se cache
La pluie fine de tes yeux
S’épuise sous les rideaux
Insouciance de tes anneaux
Voile de tes torpeurs
Avant l’été, le mois où j’étais
Furets menteurs
Vagabondages
De dérives en dérives
Noircit des feuillets
Evite la pluie
Fuit le soleil brûlant de ses pensées
Accueille le jour
Attend la nuit
Souris grisâtres
Furets menteurs qui dorment le jour
Dans ses pensées
Sous des airs tendres, ne plie pas
Attend la nuit
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